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Falaise, le mardi 23 mars 2010

Compte-rendu de la coloscopie/NL de Madame C N née le /1966

Indication : Depuis novembre 2009, diarrhée initialement représentée par 10 à 12 exonérations quotidiennes et contenant ni glaire ni sang avec parfois des réveils nocturnes. Patiente hospitalisée du 26/11 au 02/12/2009. durant l'hospitalisation la diarrhée n'est pas constatée.
Réapparition de celle-ci à la sortie de l'hôpital avec amaigrissement de 4 kilos, un appétit décrit comme moyen. Syndrome dépressif mal contrôlé.
Echographies thyroïdienne et abdominale normales (non vues). Bilans thyroïdien et biologique normaux. Dosage des 5 HIAA normal, pas de syndrome inflammatoire. Persistance de la diarrhée depuis la consultation de février mais diminution du nombre d'exonérations à 2 ou 3 / 24heures. Coloscopie avec biopsies systématiques.

Examen :
Examen effectué sous diazanalgésie.
Examen réalisé en décubitus dorsal.
La préparation est parfaite.
Progression au bas fond caecal.
Passage dans l'iléon terminal qui est normal.
La muqueuse colique paraît parfaitement normale du bas fond caecal à la jonction recto-sigmoïdienne. Biopsies (pot N°l). Le rectum est occupé par des images extrêmement inhabituelles qui se présentent sous forme de « stries », d'aspect cicatriciel, de coloration grisâtre, absolument pas ulcérées. Les techniques d'imagerie n'apportent rien de plus. Cet aspect est d'autant plus net quand on s'approche du bas rectum. Biopsies (pot N°3).

A noter un petit polype d'allure hyperplasique qui est enlevé (pot N°2), qui mesure 3 mm.

au total :
Pas de lésion susceptible vraiment d'expliquer la diarrhée.
Images inhabituelles à l'étage rectal pour lesquelles il faut attendre les résultats histologiques.
Les biopsies étagées sur le colon permettront d'éliminer une colite lymphocytaire ou collagène chez cette patiente qui prend régulièrement du BISOPROLOL, de la PAROXETINE et de VERATRAN.

 

MACROSCOPIE :
1°) 5 fragments de 0,4 à 0,6 cm de grand axe. 2°) 2 fragments de 0,3 et 0,5 cm de grand axe. 3°) 5 fragments de 0,2 à 0,6 cm de grand axe. HISTOLOGIE :
1°) On retrouve une muqueuse colique d'aspect inflammatoire dont l'épithélium est tantôt bien différencié, tantôt dédifférencié et aplati, sans atypie notable ni activité mitotique. Cet épithélium en surface, ainsi qu'au niveau des cryptes est infiltré par des petits lymphocytes réguliers d'une manière continue et à peu près constante. La lymphocytose intra-épithéliale est en moyenne de 30 lymphocytes pour 100 cellules épithéliales. Un renforcement fibreux sous-épithélial est parfois repéré, inférieur à 5 microns et témoignant plutôt d'un processus irritatif chronique.
Par ailleurs, les cryptes apparaissent régulières et le chorion est le siège d'un infiltrât inflammatoire diffus d'intensité faible à modérée, à prédominance mononucléée.
Il n'a pas été retrouvé de micro-abcès cryptique, ni de lésion granulomateuse.
Ces aspects évoquent une colite lymphocytaire intégrée dans un processus inflammatoire chronique. Ce résultat est à corréler avec l'ensemble du dossier clinique. Absence de signe histologique de malignité.

2°) On reconnaît les fragments d'une lésion polypeuse faite de glandes présentant des lumières contournées ou dentellées, bordées par un épithélium mucipare hyperplasique et exubérant. La membrane basale est partout respectée.
Le chorion, conjonctivo-vasculaire, de la lésion est indemne d'infiltration.
A noter, même pour cette lésion, la présence d'une lymphocytose intra-épithéliale relativement constante. Absence de signe histologique de malignité ou d'inflammation spécifique dans la limite du matériel examiné.

3°) On retrouve des aspects qui se rapprochent de ceux précédemment décrits au numéro 1, avec davantage de remaniements fibreux.
CONCLUSION :
1° & 3°) Colon et rectum - Biopsies multiples et étagées - Aspects histologiques témoignant d'une lymphocytose intra-épithéliale constante et continue au sein d'un processus irritatif chronique (voir ci-dessus). Absence de dysplasie.

2°) Polype du rectum - Exérèse - Polype hyperplasique.

 

Falaise le lundi 26 avril 2010

Je prends connaissance aujourd'hui du résultat du recueil de selles sur trois jours réalisé chez Madame C née le 1966. Ce recueil de selles montre que le poids moyen est quand même de 242 g/24 heures ce qui est un peu élevé dans nos régions. L'élastase pancréatique est normale ce qui plaide contre une malabsorption.
Il n'y a pas non plus de stéatorrhée.
D'où l'intérêt des biopsies systématiques qui ont été faites et qui montrent de façon « constante et continue » une infiltration lymphocytaire intra-épithéliale associée à un processus irritatif chronique.

Dans ces conditions, je pense que nous pouvons considérer que cette patiente souffre d'une colite microscopique lymphocytaire et qu'il faut donc à ce titre la traiter d'abord par un 5 ASA comme le FIVASA 800 à raison d' 1 cp matin et soir, il est en général nécessaire de maintenir pendant 8 semaines ce traitement. En cas d'échec, il faut se tourner vers l'ENTOCORT 3 mg à la dose de 3 cp.

J'aimerai bien quand même contrôler le seul rectum de cette patiente dans 2 à 3 mois même si les symptômes ont régressé ceci au travers d'une coloscopie courte.